13 Mai 2021
MICHEL BAGLIN LES CHIENS PERRINS À Monique et Bernard … /…
Phares ou rochers, tous les amers ont des accents de nostalgie pour chanter la terre aux hauturiers, peindre les haies et les fossés, les fanaux, un Vieux Château, les bois de pins comme l’ombre sombre des cyprès.
Et pour l’Islais pareillement les houles foulent et brassent les chagrins.
À qui en mer s’égare du regard, elles rendent les bateaux perdus, remettent à flot des histoires d’hommes fragiles tenant à des riens.
Roulés par le raz, drossés sur le roc, ils sont là sans y être, depuis des siècles, et l’on ne peut que deviner ces revenants, qu’écouter dans le vent les abois des marins noyés dans l’écume rageuse des Chiens Perrins.
Car au ponant, où que l’on soit, on a toujours l’infini loin devant soi.
Une tourelle pour baliser les naufrageurs. Une corne de brume dans les oreilles. Pérenne, un récif dans le cœur. Ile d’Yeu, mai 2015
in Les mots nous manquent (Rhubarbe éd., 2019)
MONIQUE SAINT-JULIA VALCEBOLLÈRE À Jacqueline et Michel Baglin
Lentement tout devient fête
la marche sur le sentier empierré
les clartés nouvelles nées dans les frênes
le ciel promenant sa pompe de nuages
illumine la sombre forêt de résineux
paresse sur cent églantiers sur cent genêts
où l’épervier chasse une proie muette
et des moineaux pris d’une douce folie
s’épouillent dans un bain de poussière.
Au loin la voix grondeuse du torrent
fêlure entre les hautes maisons de pierres
torrent qui escorte le vent, les odeurs, les truites
enserrées parfois par des mains braconnières
et nous allons droit devant nous
troussant un paysage et un autre
aveuglés de soleil, inondés d’émois,
prenant le ciel à témoin de notre joie irréelle.
in Un jour de plus à aimer (L’Aire éd., 2015)