12 Mars 2021
La vague à l’âme
À Philippe-Marie Bernadou
Sous l’aile, l’île : le rêve de partir
et le fracas qu’il fait dans nos vies.
Sous l’aile, l’île : la vague à l’âme,
qui tourne au mal de mer.
Sous l’aile, l’île : au bout du désir
de disparaître des écrans.
L’île, la terre intérieure,
la solitude promise,
dans la lumière de l’effacement.
Sous l’aile, l’île : la petite, la lointaine,
l’ancre de toutes les vies rêvées.
Sous l’aile, l’île : l’obsédante,
à la fois port et terre à la dérive.
Sous l’île, l’aile : une rumeur d’envol,
un grand large où prendre pied.
Michel Baglin, in Un présent qui s’absente (Bruno Doucey éd., 2013)
Michel, dit Table Ouverte
nous régalait de tartines de poésie
mais pas seulement
nous abreuvait de fortes amitiés
pressées à la main
mûries au brûlant de nos rires
cueillies la nuit quand la maison s'endort
mais pas seulement
il nous offrait un fleuve
un vrai
et nous regardions dériver les gabarres de nos amours
vers l'estuaire qu'elles atteindraient sans nous
un peu malheureux
un peu enrichis de cette inquiétude où germent les poèmes
Moi qui n'ai pas la poésie ferroviaire
j'aimais ses mots
ballast tender draisine éclisse
ses chemins de traverse
Peu importe
disait Cendrars
que j'aie pris ce train
si je vous l'ai fait prendre
Philippe-Marie Bernadou, in Au rendez-vous des amis (inédit)