5 Avril 2024
À Guy Goffette *
Mais que fait-on là à frissonner dans les vertiges du temps ?
Les gens qui passent, sous leurs pas tassent des années perdues peut-être, ou seulement consommées…
Comment savoir ce qu’il en est des heures qu’on ne compte pas,
des vies qui ne comptent guère ?
Comment savoir si l’on est toujours de ce monde, là, en terrasse,
en vacance de projets et les yeux plein d’avril ?…
.../…
Que fait-on là, en terrasse, le cœur barbouillé ?
Un avion laisse là-haut dans un bleu livide encore
la chantilly amère des voyages remis, et c’est alors qu’on sent en soi le sable qui s’écoule,
la mort qui prend ses aises, une jeunesse qui remonte dans la gorge comme un sanglot ravalé longtemps.
Michel Baglin Un présent qui s’absente (Éditions Bruno Doucey)
* Guy Goffette nous a quittés le 28 mars 2024
« Le ciel ruisselait sur les tuiles. Tu écoutais le chant clair de Ferrat. Le rire, la voix, les mots qui ne s’égarent pas. En regard, comme ils étaient timides, tes délires avoués !
Tu écoutais ta colère dans celle de Ferré. La puissance, la voix, les mots qui ne transigent pas. Et comme tes vers te semblaient pauvres, eux qu’aucun geste ne sanctionnait !
Vivre, c’était grandir, jaillir au-dessus des murs… Il n’y avait pas de voûte !
Vivre, c’était s’inventer, à chaque pas se déconstruire… Il n’y avait pas de destinée !
Vivre, c’était se tendre comme un arc. Il y avait aujourd’hui et il y avait demain et la flèche de ton désir pour les joindre…
De toute éternité, le monde était à ceux qui ont faim ! »
Michel Baglin L’adolescent chimérique