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TEXTURE       Les amis de Michel Baglin

Lien entre les amis du poète et écrivain Michel Baglin

LES MÉMOIRES DE GAWA

LES MÉMOIRES DE GAWA

Durant tout l’été dernier, j’ai reçu chez moi un pensionnaire, nommé Gawa. Non seulement il s’était invité avec sa Muse, son fils Osiris, sa chatte Poupinette et Sibis 1er, roi des pandas, mais il avait amené avec lui la prodigieuse bibliothèque qu’il a dans sa tête où on trouve non seulement tous ceux dûment répertoriés (et ils sont légion), mais aussi quelques-autres plus rares, tel son maître Gérard le Hir, qui, en compagnie de deux autres voleurs de feu de sa connaissance (Vincent Moal et Jean-Marie Henansal) sera prochainement publié chez Raz éditions.

Ce Daniel Malbranque, alias Gawa, que je n’ai pu lâcher d’une semelle, est le créateur de la revue La Vie multiple. Il est littéralement un possédé (au sens clinique du terme !) de la poésie. Quand il porte un toast, nous sommes gratifiés de ceci : « Trinquons à la poésie éternelle ! Maudissons les rimailleurs sans jus, les pédants aux pets foireux, les cuistres frileux de l’entrecuisse, les formalistes qui sentent le formol, les sonnetistes qui nous assomment, les poètes printaniers, ceux du dimanche, cons comme des manches, je vous laisse décliner les autres jours de la semaine ! À bas la Poésie qui sent le moisi ! Vive la Papouasie de l’Âme et merde à Dieu ! » Ce qui donne de l’air et démontre une belle santé.

La poésie l’a entraîné dans bien des dérives, oscillant de Brest à Téhéran en passant par Hérat la ville afghane aux mille poètes, avec de petits détours par Jersey, Istamboul et Ribérac. Il fut de ces routards aux « illusions éperdues » partis courir les routes durant les années 70 dans le sillage de ceux de la Beat Generation, fumant et buvant ce qui se présentait et se laissant entraîner à ce fameux dérèglement de tous les sens initié par un nommé Arthur Rimbaud. La défonce était sa règle, jusques et y compris en musique (blues, rock et pop). Mais surtout en poésie. Et en amitié aussi, voilà qui est fort précieux. Ses Mémoires, il nous les distille en jetant la chronologie cul par dessus tête. Tantôt il nous raconte au présent entre deux siestes et des interviews plus ou moins imaginaires, les mésaventures du jeunot déjanté qu’il fût, traînant de bars en bouges, vivant d’expédients et de métiers de misère ; tantôt, par l’entremise du truculent vieillard qu’il finira par devenir, il nous narre ses horrifiques exploits en tous genres, jusqu’aux plus interlopes, avec une totale franchise.

Mais sa grande affaire - en plus de sa belle Marina - c’est la poésie : « Depuis si longtemps je respire poésie, je mange poésie, je marche poésie, je dors poésie, je rêve poésie, je vis poésie et au moment de mourir je n’en saurai pas plus sur ce que signifie Poésie. » Avec une verve rabelaisienne qui ne laisse aucun répit, y compris aux zygomatiques, les deux premiers volumes des aventures de Gawa se dévorent dans la joie. Ce ne sont point à des délicatesses de gourmet à déguster en levant le petit doigt auxquelles je me suis livré, mais à des bâfreries de joyeux glouton. Une vraie orgie littéraire comme on en rencontre peu. Par les temps qui courent, cela permet de recouvrer quelque santé mentale, que de patrouiller dans de telles contrées, avec pour guide un des plus profonds connaisseurs ès poésie qu’il m’ait été donné de croiser. Après la lecture des deux forts volumes de Daniel Malbranque intitulés « Aller voir ailleurs » et « La perte des rêves », je n’ai qu’un hâte, c’est de lire le tome 3 qui est annoncé pour le prochain printemps.

        Jacques Ibanès

Éditions Germes de barbarie, tome 1, 270 p. 17€ et tome 2, 280 p. 23€ à commander chez l'éditeur https://germes de barbarie.weebly.com/  Frais de port 4€, gratuit à partir de l’achat de 2 exemplaires.

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