Lien entre les amis du poète et écrivain Michel Baglin
31 Mars 2025
Partout en France, les Texturiens ont célébré avec leur ferveur coutumière le Printemps de la Poésie . Un grand merci à Christelle Thébault (Vosges), Régine Bernot-Philippe & Guy Bernot (Frouzins), Catherine Hilaire (Périgord 1), Jacques Ibanès (Narbonne, Seilh) et Daniel Malbranque (Issigeac) pour leur collaboration à ce dossier présenté dans sa chronologie.
Vosges - Le Printemps des poètes déodatien en 3 temps
8 mars 2025
Nous avions accueilli Guy Goffette à la librairie le Neuf, à Saint-Dié des Vosges, en mars 2023, en compagnie du poète Richard Rognet : l’évidence s’est vite imposée à nous de lui rendre hommage en ce lieu.
Sa poésie m’accompagne depuis plus de 30 ans et c’est toujours la voix du poète que j’entends.
Un an déjà que Guy Goffette a rejoint ses poètes de cœur. Il nous manque, oui ; cependant sa poésie vibre intensément.
Continuons à flâner avec lui et laissons-nous gagner par son extrême sensibilité. Sa poésie, légère et grave à la fois, touche à la profondeur des êtres et des choses.
Ce que nous avons souhaité, avec notre lecture du 8 mars, c’est emporter le public dans le mouvement de ses poèmes, faire ressentir l’appel du large et montrer la mer au fond du jardin.
Nous avons croisé plusieurs de ses poèmes issus de ses livres principaux, publiés entre 1988 et 2023 : Éloge pour une cuisine de province, La vie promise, Le pêcheur d’eau, Un manteau de fortune, L’adieu aux lisières, Petits riens pour jours absolus, Pain perdu, Paris à ma porte.
Je remercie vivement Nadine Ronsin, Danièle et Jean-Michel Marche qui m’ont accompagnée pour la mise en voix et la mise en espace de cette lecture. Et chapeau à l’artiste Jean-Michel pour son œuvre picturale !
Je remercie tout particulièrement Dany Goffette et Richard Rognet, présents à cette lecture.
Et bien sûr un grand merci à Olivier Huguenot qui nous permet de faire entendre la voix des poètes dans sa librairie.
12 mars 2025
En clin d’œil au thème du Printemps des poètes « Poésie volcanique », nous avons proposé, avec ma complice Corinne Dory de l’atelier Lire et Dire, une lecture de poésie chilienne, à la médiathèque de Raon l’Étape, dont je remercie l’accueil.
Nous avons souhaité brosser un vaste panorama de la terre chilienne, sa géographie flamboyante et surtout les dernières décennies de son histoire, en particulier le coup d’état en 1973 et les disparus durant la dictature. L’évocation de l’exil de poètes chiliens a clôturé ce voyage, certes entre Chili et France, mais aux résonances universelles.
Nous avons prêté nos voix à plusieurs poètes, évidemment Pablo Neruda et Gabriela Mistral, également Luis Mizon et Patricio Sanchez-Rojas, et aussi d’autres poètes contemporains (poèmes en partie puisés dans l’anthologie de la poésie chilienne éditée en 2021 par la Maison de la Poésie Rhône-Alpes).
Quelques musiques par le groupe Vidala, une adaptation de Neruda par Vicente Pradal et le célèbre Gracias a la vida de Violeta Parra, ont ponctué la lecture.
Une heure de dépaysement pour un public conquis !
15 mars 2025
La librairie le Neuf a accueilli Béatrice Marchal pour une après-midi de lecture et de grâce.
Tout en donnant quelques clés sur le contexte de l’écriture de certains de ses poèmes, Béatrice Marchal a emmené le public dans son cheminement poétique en présentant tout d'abord ses livres : Résolution des rêves, Un jour enfin l’accès, Au pied de la cascade, Derrière attendait l’espace. J’ai eu le grand plaisir d’accompagner Béatrice Marchal en lisant quelques poèmes en alternance avec elle.
Puis elle nous a fait découvrir son dernier et très beau livre Salomé, ma salamandre, qui associe avec une grande maîtrise d’écriture et de délicatesse la prose et la poésie.
Trois femmes en miroir. Salomé, la biblique ; la jeune fille ayant servi de modèle au sculpteur le Maître de Chaource pour sa célèbre Mise au tombeau ; Irène la moderne. Trois femmes, en quête de l’Amour absolu.
Nadine Ronsin a lu avec Béatrice Marchal et toutes deux nous ont offert une magnifique lecture.
De nouveau, mes remerciements vont à la librairie le Neuf qui nous a permis de célébrer le Printemps des poètes.
Balade poétique à Frouzins
Le samedi 15 mars, une balade poétique était organisée à Frouzins pour fêter le printemps des poètes.
Orchestrée par la médiathèque La Parenthèse, avec la participation des deux associations culturelles : Les FÉLÉS et TEXTURE les Amis de Michel Baglin, cette animation a placé la poésie au cœur du village.
Malgré le temps frisquet, les amoureux des mots étaient au rendez-vous des poètes.
La balade a démarré à la Parenthèse, puis déambulé dans le parc Saint Germier, le long d’un parcours pavoisé de poèmes colorés accrochés aux arbres par les petites fourmis diligentes de la médiathèque.
Les poèmes ont été écrits par les enfants (écoles primaires et collège), les résidents de l’EPADH La Triade et les participants à l’atelier de haikus animé par Régine pour l’association Texture AMB.
Nous avons débuté avec un poème de Michel Baglin puis Laurène a lu des textes de son père, le poète Jean-Pierre Metge.
Chaque halte était l’occasion de lire des poèmes sur la ville, la nature, les oiseaux ou encore la liberté.
Nous avons lu sous les arbres en fleurs, devant l’église ou encore entre les jambes du pigeonnier.
Des chansons françaises, de Bobby Lapointe à Maxime le Forestier, interprétées par Patrick Peynot ont ponctué la balade.
Asma Idrici, adjointe à la culture, a clôturé cette matinée poétique qui a ravi tout le monde.
Vive la poésie dans la rue, sur les places et dans les jardins !
Périgord : Marcelle Delpastre à Saint-Alveyre
En ce mois de mars 2025, la bibliothèque de Sainte-Alvère en Dordogne a décidé de croiser Journée internationale des droits des femmes et Printemps des poètes pour rendre hommage à Marcelle Delpastre dont on célèbre, en 2025, le centenaire de la naissance.
Catherine Hilaire y a lu deux textes de Marcelle Delpastre extraits de Ballades, courtes proses poétiques écrites entre 1959 et 1962 : Au matin de ses noces et La vieille fille.
Plein Ouest, tonnerre !
Samedi 22 mars, du côté de Brest, un prix de poésie était remis sous la houlette de notre ami Guy Allix. Voici ce qu’en dit Le Télégramme : « Avant la remise des prix, place a été laissée à l’invité d’honneur, le poète Guy Allix, plusieurs fois primé par l’Académie française. Poète éminent donc mais également interprète de ses textes et de chansons du patrimoine français, Guy Allix a transformé la cérémonie en un agréable happening musical conclu par un envoûtant « Merci », dont il est l’auteur : « dans mon pays, on remercie », a-t-il souligné en citant René Char. »
Plein Sud Narbonne, 22 mars
1000 km plus au sud, Narbonne fêtait la poésie des chemins avec la présence de 5 Texturiens. Annie Christau l’organisatrice,animatrice d’ateliers d’écriture et créatrice de l’affiche était à la régie images.
Alexandra Ibanès présenta le travail de ses élèves de CM2 qu’elle initie à la pratique poétique. Il est bon qu’un vent de jeunesse souffle...
Annie Coll déclina quelques-uns de ses poèmes de voyage, de la Bretagne à la Grèce en passant par l’Italie. Avec le marcheur de Giacometti en figure de proue :
La boue le rocher l’arbre
Ont sculpté sa figure
végétale, minérale animale
Depuis
il marche
les pieds embourbés dans la glaise
il fait front
Vous le croiserez souvent
il souffle sur la braise d’un feu
qu’aucune ombre n’apaise
Gérard Baylet, pour une fois minimaliste, présenta quelques-uns de ses haïkus, un genre dans lequel il s'exerce volontiers.
Montagne enneigée
sur les parois de l'Etna
lumière en fusion
***
Ombre et lumière
dans le silence du jour
chaleur massique
***
Volcan oblige, Jacques Ibanès lut avec Franck Legendre le long poème qu’il a consacré au mont Fuji et à Hokusai, avant de rendre un hommage à Antonio Machado, figure emblématique de l’exil.
« Nous cherchons fiévreusement les traces de tes pas
sur les pistes poudreuses de tes poèmes
La houle de tes mots frissonne sur le monde
installe son bivouac puis reprend le chemin. »
À Seilh, une Quinzaine éruptive
La cité où demeurèrent Jackie et Michel Baglin a fait le bon choix : initier les jeunes à l’expresion littéraire et artistique dès la crèche ! Avec atelier de peinture, expo photos, atelier calligrammes, performances dans les écoles, notre ami Alain Noblet a semé le feu poétique pour un Quinzaine ardente ! Et le 28 mars, à la nouvelle Médialudothèque où l’on peut emprunter les livres de Michel offerts par la famille, Alain et Pascale Chevillot ont animé une soirée en présence de Monsieur le maire au cours de laquelle un savoureux échange a porté sur leurs récentes publications.
Issigeac en poésie
Chaque année, lorsque le printemps revient, Issigeac, petit village du sud-Dordogne (mais on devrait dire Périgord) se transforme en parterre de fleurs poétiques. Une rencontre hautement palabreuse organisée par l'Amicale laïque, animée par Bernadette Dumont, réunit des fondus de poésie. En ce dimanche 30 mars l'invitation a été une nouvelle fois entendue par une vingtaine de passionnés qui se sont mis sous l'arbre à palabres pour entendre la merveilleuse parole. Après l'atelier d'écriture animé par Virginie Serrière autour du thème de l'acrostiche, les prix délivrés (à Odile Vantomme et Agnès Cerantola ) ne furent là que prétexte à faire converger les poètes vers ce bourg qui se souvient encore de son passé de ville close ecclésiastique du moyen âge. La Vie Multiple représentée par Soazig Coutanceau, Richard de Carvalho, Franck Trémoulinas et Daniel Malbranque a permis d'échanger autour de la phrase d Holderlin : À quoi bon des poètes en temps de détresse ? Pendant ce temps la graffeuse SARI réalisait en direct un paysage volcanique de toute beauté où les volutes issus du cratère écrivaient dans le ciel le mot poésie. Un après-midi comme on en voudrait plus souvent, cri unanime des participants.
LA POÉSIE, ON S’EN BAT LES STEAKS
La Poésie, tout le monde s’en fout
à moins d’être tout à fait fou !
Puérile, futile, inutile
cette manie de la rime ! Débile
la pratique du vers, pied à pied !
Plutôt se faire estropier
que d’être poète sans le sou !
La Poésie, tout le monde s’en fout !
Lorsque l’ouvrier sortant de l’usine,
fourbu, s’en retourne à sa chaumine;
lorsqu’il s’affale à même sa table
honteux d’avoir fait pacte avec le Diable :
sa liberté contre quelques maigres miettes,
sa jeunesse contre des piastres et des piécettes;
à moins d’être fêlé peu ou prou,
la Poésie, tout le monde s’en fout !
Quand la mère ravagée pleure
son enfant écrasé par un tracteur;
quand l’horreur horrible étreint
la belle apprenant son cancer du sein;
quand le vieillard au mouroir se pisse
dru sur les panards et sur les cuisses;
à moins d’être à moitié saoul,
la Poésie, tout le monde s’en fout !
Et si l’on se souvient parfois du Biafra,
quelque peu encore de la Shoah;
si le Onze Septembre dans les esprits
résonne à jamais de ses innombrables cris;
si Hiroshima, Nagasaki, inspirent
l’effroi universel et bien plus pire;
à moins de se prendre pour Arthur Rimbou,
la Poésie, tout le monde s’en fout !
Mais Mignonne allons voir si la rose… !
Mais le rouge temps des cerises… !
Mais ce tout petit trou de verdure… !
Mais l’orange devenant toute bleue… !