Lien entre les amis du poète et écrivain Michel Baglin
6 Avril 2025
Passée la couverture bleu azur illustrée d’une encre d’Isabelle Clément, le lauréat du Prix Mallarmé 2020 nous prend par la main pour nous faire partager son quotidien et nous mener vers l’enfance, la sienne mais également la nôtre.
En découvrant « L’enfant sur la berge », quelle émotion de lire ces quelques vers en hommage à Michel Baglin, notre ami poète trop tôt disparu.
« …c’était la chaleur
de ta voix
de ta main
si fermes
si présentes
encore
sur notre chemin. »
En quelques mots, voici le poète revenu parmi nous pour un instant suspendu… et on en est profondément ému.
La poésie de Jean Le Boël parle du temps qui passe, elle parle de nous aussi, et de tous ces gens modestes croisés dans une vie.
« horloge
toi qui disais l’heure
tu ne nous berces plus
de ton
tic-tac»
La poésie de Jean Le Boël est généreuse, elle se fait légère comme « l’eau qui caresse la mousse sur les pierres. » Accessible à tous, elle sait se montrer modeste en laissant de côté majuscules et ponctuation pour dévaler la vie comme un cours d’eau.
« l’homme est comme le fleuve
qui sourd fraîcheur dans les mousses
et dévale ruisseau charmeur les prairies
qui gronde dans le torrent
et paresse hors de son lit… »
Les poèmes parlent de lui, le poète et l’homme, ils parlent des autres, croisés un jour, dont la mémoire a conservé le souvenir. Ce sont des petits riens, parfois intimes, des souvenirs d’enfance. Et même lorsque la mort est évoquée, on l’accepte comme une évidence. Elle est décrite à travers la mort de la grive ou la maison qui se délabre.
Nulle envolée lyrique, on reste ancré dans le présent, les pieds dans la terre et le nez au vent car « il ne s’agit que d’arpenter le présent/ que de céder à l’humaine curiosité. » Voilà une leçon de vie à portée de main où la nature, très présente, nous ouvre à la sensualité des éléments.
La vie et l’amour s’’inscrivent en filigranes dans chaque vers.
« un désir se tarit
un amour se perd
mais pas l’amour
pas la soif
eau d’une autre source »
L’évocation de l’enfant, c’est cet « enfant sur la berge » qu’a été Jean Le Boël, mais également « cette enfance qui nous taraude », enfance universelle ou bien enfance à venir, cette « veine ou palpite indécise la vie ». C’est cet enfant-là qu’il faut préserver.
Ces poèmes sont une main tendue à l’humanité entière, ils sont foisonnant de vie et l’on en sort apaisé, désaltéré.
Régine Bernot-Philippe
« L’enfant sur la berge » Éditions La rumeur libre 96p. 17€