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TEXTURE       Les amis de Michel Baglin

Lien entre les amis du poète et écrivain Michel Baglin

LES MOUETTES DE SÁNDOR MÁRAI

LES MOUETTES DE SÁNDOR MÁRAI

Il neige sur Budapest, dans le sévère bureau d’un haut fonctionnaire, s’avance, gracile une jeune femme venue solliciter un permis de séjour et de travail. En elle il revoit Ilona la femme qu’il a aimée sans en être aimé. Elle qui n’avait pas eu la force de vivre dans l’amour d’un autre, sa mort le hantait encore… Sa fin qui fut commencement de ses déchirements et celle de sa force d’aimer.
Ce sosie, comme une apparition soudaine pour lui, fait écho à un passé qui reste présent et ravive ses interrogations. Il se sent vieilli de toute cette jeunesse perdue.

Les voilà, ces deux êtres par le hasard et la fatalité réunis, à se raconter, à dire ou tenter de dire les ombres de leur vie. Un seul baiser où il retrouve le goût des lèvres d’une autre.

Une écriture subtile à petits coups d’aile en évocations suggérées. J’ai été attirée par ce titre évoquant ces oiseaux en passages et retours au port, le mystère fascinant de ces deux destinées.

J’ai entendu le cri plaintif de ces migrateurs aux sonorités d’enfant qui pleure, à travers ces lignes superbes où le chagrin de la perte ne s’envole jamais. L’amour et la mort sont mêlés en cette histoire entre légèreté et battement lourd d’ailes (lourd d’elle aussi)

Au fil de ces pages poétiques, j’ai senti les interrogations, la perte, l’absence, la douleur comme un cri de n’être pas aimé, la douceur et l’âpreté et ces fils invisibles qui lient et délient. Entré par effraction, le poids de souvenirs que seul un amour mutuel pourrait alléger. Ils sont pourtant deux à être encore seuls.

Apesanteur d’un lien dans l’insoutenable climat de guerre, j’ai aimé ce dire autant que ce taire, dans un besoin de comprendre ce qui n’a jamais été parlé. Cette présence même en paroles, d’une forme de silence.

J’apprécie le style de Màrai dont l’écriture rappelle celle de Zweig, je les ai beaucoup lus tous les deux dans leur analyse subtile de l’âme humaine face à l’inquiétude des bruits de bottes et des climats politiques.

                  Fanie Vincent

Les mouettes, Éditions Albin Michel, 240 p., 18€

LES MOUETTES DE SÁNDOR MÁRAI
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