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TEXTURE       Les amis de Michel Baglin

Lien entre les amis du poète et écrivain Michel Baglin

VAGABONDAGES

VAGABONDAGES

Au hasard d'un vagabondage au pays merveilleux de ma bibliothèque, je retrouve une vieille revue datant de janvier 1980. Justement, elle s'intitule Les Cahiers de Vagabondages et le n° 16 que j'ai entre les mains porte le sous-titre de Vendanges d'hiver. Cette revue créée en juin 1978 disparaîtra en décembre 1990 avec son numéro 79.

Revue de poésie, patronnée par la ville de Paris, elle eut pour maître d’œuvre Marcel Jullian. Autour de lui, Francine de Martinoir, Gabrielle Althen, Jean-Michel Maulpoix et Denise Le Dantec,chacun présentant ses coups de cœur : Guy Allix, Philippe Delaveau, Gilles Durieux, Olivier Bardet, Henri Dufor, Gérard Noiret entre autres et surtout.... Michel Baglin choisi par Denise Le Dantec.

Voici ce qu'elle en dit en présentation de quelques textes et poèmes inédits devant faire partie d'un futur ouvrage qui se serait intitulé Feux et lieux. Mais je ne retrouve point ce titre dans la bibliographie de Michel * :

« Avec lui, la poésie se ressource et la pratique poétique est épreuve du monde avant d'être épreuve du langage. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il réussit à nous évoquer la poésie de René Char. Ne prête-t-il pas, comme il l'écrit, « son âme à l'oiseau » ? n'adresse-t-il pas son « salut aux nuages », et de l'île de Sieck ou de l’île Grande où son être parfois s'aventure « île où la terre se résume » – ne contemple-t-il pas « le vide où brûlent les oiseaux » ? À travailler ainsi entre la terre, l'eau et le ciel ne fait-il pas advenir « l'étincelle juste » et l'abeille, la merveilleuse « abeille de l'avenir » peut ne pas s'épuiser à être par lui, le poète, si réellement poursuivie. »

Du choix présenté par Denise le Dantec, j'extrais ce texte de belle clairvoyance quant à la passion qui nous meut :

Poésie et pesanteur

« Les images des poètes n'inventent pas un domaine d'exil. Condensations soudaines de visages évanouis, la mémoire s'y ressource, chacun les nourrit.

Chacun les arpente, à leur complicité mesurant sa pesanteur intime. Mots repeuplés d'autres mots, qui réhabilitent l'étonnement de naître à chaque pas. À leurs amarres ténues je dois mes racines de nomade, à ces bivouacs partagés le réveil des fraternités qui m'habitent, l'espace d'une émotion et d'un salut.

Les images des poètes n'inventent pas un domaine d'exil. Imprévisibles, nous les portons pourtant. Elles nous ressuscitent à chaque feu qu'elles rallument d'une étincelle juste. »    Michel Baglin

Je ne saurais mieux conclure qu'en citant la fin d'un autre texte de sa plume intitulé Les Nomades publié toujours dans ce n°16 : « Le nomade ne cherche pas de justification à sa vie : il est insensé puisqu'il est sans destination, partant sans destin. Ses feux et lieux ne sont que sa révolte, son âme, sa poésie. Marcher lui suffit. » Formulation que je prends totalement à mon compte, en repensant à mes longues années de vagabondages.

      Daniel Malbranque

* NDLR : "Feux et lieux", ainsi que "Les Nomades" seront finalement les titres de textes du recueil Les mains nues paru chez L'Âge d'Homme en 1988 avec une préface de Jérôme Garcin.

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G
Merci beaucoup Daniel pour cette belle présentation des poèmes publiés par Michel dans ce numéro spécial de la revue Vagabondages en 1980. C'était un très beau numéro consacré a de jeunes auteurs (eh oui nous fûmes jeunes !). Et les présentations de ces jeunes poètes étaient particulièrement réussies. Surtout celle de Michel par Denise Le Dantec en effet. Du très beau travail ! Et je te (je me permets le "tu" Daniel) félicite et te remercie d'avoir en quelque sorte déterré ces vendanges d'hiver de cette belle revue. Un bon crû assurément et qui a bien vieilli. Et, je me permets d'évoquer ma propre émotion à la découverte de ce numéro de la revue. C'était une grande surprise car je n'avais pas été averti. Et, je dois le dire, ce fut là en quelque sorte ma première rencontre avec Michel. Bien avant l'autre première rencontre au printemps de Durcet (2012 je crois). Nous avions alors eu l'idée d'un livre commun sur notre maitre de vie. Plus tard l'ami Jacques André relancera l'idée lors d'un repas mémorable à Sète. Le "Je suis Georges Brassens" de Michel Baglin et du tipouet 😉 fut le dernier livre publié que Michel, qui en avait été le principal artisan, put tenir entre ses mains en juin 2019. <br /> Comme le dirait l'ami Joel Favreau "jai les yeux qui piquent...
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