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TEXTURE       Les amis de Michel Baglin

Lien entre les amis du poète et écrivain Michel Baglin

JEAN-CLAUDE MARTIN MES RENCONTRES AVEC MICHEL

Michel à la librairie La Belle Aventure

Michel à la librairie La Belle Aventure

J’ai rencontré Michel il y a bien longtemps. « Rencontré », entendons-nous : la rencontre « physique » n’eut lieu qu’en 2011, je crois, où il vint à la maison de la poésie de Poitiers (merveilleuse soirée à la librairie La Belle Aventure). Mais nous nous étions « rencontrés » bien longtemps avant de la seule manière qui compte pour des lecteurs et des écrivains : par les livres. Je regarde dans ma bibliothèque : « Masques nus » (Chambelland, 1976), c’est mon plus ancien. Puis je retrouve également « L’ordinaire » (Traces, 1977), « Le marcheur » (Jean Le Mauve, 1981), et puis bien sûr une vingtaine d’autres (poésie, prose) jusqu’à ces toutes dernières années… Je rouvre « Masques nus » : « Chat » page 32 : Insoumis / tu te suffis / Mais l’aube d’un regard / dans la nuit animale / c’est la caresse de l’homme / qui la suscite. Michel est déjà là, dans son écriture, dans son humanité, dans son attention aux choses et aux êtres.

 

Il faut accorder de l’importance aux titres des livres des écrivains, et surtout des poètes : « L’ordinaire », « Le marcheur », « Les mains nues », « L’obscur vertige des vivants », « L’alcool des vents », « De chair et de mots », etc. On voit tout de suite que Michel ne fait pas dans le narcissisme linguistique qui encombre trop la poésie d’aujourd’hui, parce qu’il sait bien, lui « que le chant des hommes / est un sang qui revigore le (s)ien » pour citer la quatrième de couverture de son très beau livre chez Bruno Doucey (« Un présent qui s’absente », 2013).

 

Michel, en plus, était « un tout », si je puis dire : le prosateur prolongeait cet enracinement dans le réel et l’envie de faire la vie plus belle. Qu’on ouvre des nouvelles, des essais, et des poèmes bien sûr, on reconnaissait tout de suite sa « patte », son univers, son style (car c’était aussi un excellent styliste).

 

Lecteurs et apprentis poètes de cette génération, nous avions besoin de lui, car il nous portait, nous convainquait d’essayer encore et d’aller plus loin. Joignant le geste au verbe, on ne dira jamais assez également combien il aida les autres grâce à ses immenses qualités de lecteur et de critique (Texture -papier puis numérique–, articles dans la Dépêche du midi ou autres revues, etc.) Avoir une « note » de Michel était non seulement un honneur, mais un bienfait car il voyait toujours juste, et mettait en relief ce qui devait l’être.

 

Quant à l’homme, je l’ai dit, je ne l’ai rencontré pour ma part qu’en 2011. On peut parfois estimer, admirer un écrivain et détester sa personne. Je ne voudrais pas verser dans l’hagiographie, mais peu certainement doivent regretter d’avoir rencontré Michel. Il était comme dans ses textes, ouvert, accueillant, chaleureux, et on avait tout de suite envie de s’en faire un ami.

 

Nous nous revîmes, en 2012 je crois, lors du festival de Sète. Je me souviens de longues soirées dans un restaurant du port à déguster des spécialités locales et à à boire du Picpoul (que, pour ma part, mes papilles ignoraient). Il y avait Jacquie, son épouse, Guy Goffette et sa compagne, Josyane de Jésus-Bergey .., j’espère n’oublier personne. Nous avions failli être en retard pour aller écouter le spectacle de Jacques Ibanès (que je découvris aussi ce soir-là avec grande joie).

 

Je n’ai pas revu Michel depuis ce jour. Comme beaucoup, sa brusque maladie et sa mort me laissèrent empli de tristesse et de vide. Qu’il survive encore en nous (et dans le cœur de nouveaux lecteurs) par ses textes est un cliché pour hommage de cérémonie funèbre. Mais je crois que dans son cas la formule est juste et se perpétuera. Il y a tant d’amitié et de bonheur à le lire que ceux qui ne l’ont pas connu regretteront de ne l’avoir jamais rencontré.

 

                 Jean-Claude Martin

       

Jean-Claude Martin

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